Parce que vous êtes pressé(e) de quitter un job pourri ou de retrouver un emploi, vous pouvez passer à côté de signes extérieurs de putridité : les jobs pourris pullulent, bien qu’ils soient vendus savamment passés à la javel professionnelle de la marque employeur et enrobés de discours onctueux et prometteurs. Voici donc 10 questions à vous poser avant d’accepter un nouveau job pour vous assurer un maximum de plaisir de travailler.
Cadres : changez de regard sur la recherche d’emploi
Tout (enfin : la société, les médias, l’oncle Alfred) vous pousse à croire que lorsque vous recevez une proposition d’emploi, alors vous n’avez plus qu’à sortir le champagne et les feux d’artifices : une entreprise (quand même vraiment sympa) vous fait une fleur et vous offre un emploi. La chance !
Et c’est bien connu : à cheval donné on ne regarde pas les dents. Mais voilà : les cadeaux empoisonnés, ça existe, demandez à la Brinvillers, et si on ne regarde pas de près les ratiches de l’entreprise, on pourrait se rendre rapidement compte que les caries, c’est bibi qui va se les farcir et qui va payer pots cassés et factures du dentiste. Entendez par là que si le job princier se transforme en crapaud, la fatigue, le stress, l’ennui, la démotivation, les relations pourries, le burnout, c’est pour vous, pas pour la noble institution qui vous a fait le geste plein de panache et de grandeur d’âme de vous embaucher.
Inversement, miser sur ce dont vous avez besoin a bien plus de chances de vous rapprocher d’un job qui, à défaut d’être 100% idéal, ressemble de près à un boulot vecteur de plaisir et de satisfaction. Et pour cela, rien de tel que de savoir se positionner fortement sur ce dont on a profondément besoin:
C’est la raison pour laquelle je vous propose ces 10 questions à vous poser, sous l’angle « ce job est-il compatible avec vous ? » plutôt que « êtes-vous compatible avec ce job ? »
– Des questions ouvertes, car les questions fermées impliquent des réponses sans nuance et sans évaluation
– Des questions concernant vos appétences, vos désirs et vos besoins, seuls garants que vous allez trouver du plaisir dans ce job.
– Des questions qui misent sur vous plutôt que d’intégrer le doute et l’exigence de suradaptation ( « pouvez-vous assumer la charge de travail ? » ou « comment l’entreprise gère-t-elle les contacts hors heures de travail ? » )
Cette démarche est d’autant plus faisable et pertinente que l’époque est favorable aux cadres, puisque le marché de l’emploi est très dynamique. C’est donc une période particulièrement avantageuse pour expérimenter une nouvelle posture en recherche d’emploi, suffisamment élégante et affirmée pour vous amener là où vous voulez aller, plutôt que, vaille que vaille, là où on vous fait l’aumône de bien vouloir de vous.
Que vous soyez en reconversion, ex-entrepreneur qui revient dans le salariat ou chercheur d’emploi, reprenez votre part de pouvoir et choisissez votre job autant que votre job (ou l’entreprise qui vous le propose) vous choisit !
Reprendre votre part de pouvoir et renforcer l’estime de soi
Chercher ce qu’on veut et ce dont on a besoin plutôt que simplement ce qu’on veut bien nous donner n’est pas pour les mous du genou ? C’est audacieux ? Peut-être. Mais je ne suis pas convaincue qu’il soit nécessaire d’avoir un culot monumental ou du courage à revendre pour reprendre votre part de pouvoir. Il suffit d’être en accord avec l’état d’esprit. C’est le seul moyen que vous avez de vous assurer que votre job de rêve ne va pas se transformer au pire, en cauchemar, au mieux, en train-train plan-plan sans odeur et sans saveur. C’est aussi ce que devrait être la recherche d’emploi… mais qu’on se garde bien de vous dire, parce que quelqu’un qui sait ce qu’il/elle veut, on peut moins facilement lui vendre un job pourri. Ce qu’elle devrait être aussi pour que la management se réinvente au lieu de mettre des babyfoot dans l’open space et des cours de yoga dans sa politique de bien-être.
Mais ça peut faire peur dans la mesure où il est assez inhabituel de procéder ainsi, même si on trouve pas mal de publications qui proposent quelque chose d’approchant. Alors oui, parfois, en amont, il peut être utile de renforcer l’estime de vous, la confiance en vous et la posture relationnelle pour qu’aller chercher ce qui correspond à vos besoins paraisse plus accessible et plus fluide, mais aller le chercher est aussi une façon, inversement, de renforcer l’assurance et l’estime de soi. A chaque fois qu’un(e) de mes client(e)s a refusé un poste pour des raisons liées à ses aspirations et à ses besoins professionnels, il ou elle en a tiré soulagement, fierté et un sentiment de satisfaction, qui ont été immédiatement réinvestis dans leur recherche d’emploi.
Quelques bonnes raisons de s’y mettre
D’autre part, ce faisant, vous vous assurez un matching entre vous et l’entreprise sous un angle que celle-ci à bien du mal à mesurer (ou même à prendre en considération), celui de vos appétences en termes de conditions et de contenu du travail. Ce qui a pas mal de bénéfices:
– Vous participez donc d’autant à la limitation des « erreurs de casting » qui sont la terreur des recruteurs
– Vous vous évitez les entailles à l’estime de soi en changeant de regard : une candidature avortée est une opportunité d’éviter une erreur de casting pour vous (l’entreprise, elle, se remettra bien mieux que vous de ce type d’erreur)
– Une entreprise qui se fout bien de vos besoins et les traite avec mépris vous donne un indicateur essentiel sur son intérêt pour le bien-être et la qualité de vie de ses employés. D’autant que je me doute qu’à l’instar de mes clients, vos demandes sont, somme toute, de l’ordre de l’acceptable, du compréhensible, même lorsqu’elles bousculent un peu les habitudes. Je n’ai jamais eu de client(e) sac à caprices aux exigences d’enfant gâté. Aussi allez-y sans vous censurer, posez les conditions de votre acceptation de ce job!
– Savoir ce qu’on veut et le dire donne une image de fiabilité : au moins avec vous, les choses sont claires, on sait à quoi s’en tenir. C’est donc une façon indirecte et au bénéfice de toutes les parties de renforcer votre employabilité !
Evidemment, ceci vaut beaucoup moins pour les quinquagénaires au chômage, qui ne bénéficient jamais des embellies du marché et pour qui la recherche d’emploi peut être un très éprouvant parcours du combattant, étant donné les innombrables idées reçues sur leur employabilité, leur efficacité et leur état d’esprit.
10 questions à se poser avant d’accepter un nouveau job
Ces questions viennent en complément des prises de renseignements évidentes sur lesquelles il n’est pas utile de s’étendre (la pérennité de l’entreprise, la rémunération ou des questions classiques de stratégie de carrière si vous êtes dans une logique de progression linéaire)
Voici donc 10 éléments à évaluer pour vérifier qu’ils répondent suffisamment à vos besoins, appétences et aspirations pour vous procurer un réel plaisir de travailler et vous donner envie de vous lever le matin.
- Dans quelle mesure cette entreprise et ce boulot me permettent-ils d’œuvrer pour quelque chose qui a du sens et me tient à cœur ?
- Dans quelle mesure cette entreprise a un projet, un état d’esprit, des valeurs, une identité, une image qui me plaisent et me correspondent ?
- Dans quelle mesure l’équipe au sein de laquelle je vais travailler et/ou que je vais manager me donne envie parce que l’ambiance y paraît bonne et que les relations entretenues me conviennent?
- Dans quelle mesure les conditions de travail me conviennent et j’ai obtenu ce dont j’avais besoin (horaires, télétravail etc.) ?
- Dans quelle mesure mon N+1 a une personnalité avec laquelle je me sens compatible et une façon de manager qui me convient (en termes de relationnel, de reconnaissance d’autonomie, de délégation, de feedback, de soutien etc.) ?
- Dans quelle le contenu du travail qui m’attend me plaît, me motive, répond à mes appétences (tâches, missions etc.) et va me procurer du plaisir?
- Dans quelle mesure la charge de travail est-elle acceptable, le management humain, les objectifs sont-ils motivants et atteignables ?
- Dans quelle mesure l’environnement de travail me convient : les locaux, le matériel, l’agencement, la flexibilité des horaires, les possibilités de télétravail ?
- Dans quel mesure ce job me permet d’exprimer suffisamment mes talents naturels pour y prendre un plaisir durable (cela signifie évidemment connaitre des talents naturels, qui ne sont pas des compétences ou des dons, mais des traits de personnalités particulièrement développés et qui contiennent nos mécanismes de réussite)
- Dans quelle mesure la localisation de l’entreprise est-elle compatible, en termes de nature et de temps de transports, avec un rythme de vie et une articulation des temps de vie professionnelle et personnelle agréable ?
Chacune de ces questions correspond bien entendu à une évaluation faite en amont de vos besoins, désirs et appétences professionnels, qui auront été mesurés avec soin et intégrés sans censure et sans vergogne d’une part et à une enquête minutieuse pour vérifier les beaux discours de l’entreprise d’autre part : la vie professionnelle est bien trop longue pour se contenter d’un job pourri !
Ces questions sont une partie du travail est celui qui je fais avec mes clients en recherche d’emploi, associé à une connaissance de soi solide, un renforcement de l’acceptation et de l’estime de soi ainsi que de l’élégance relationnelle pour pouvoir postuler avec assurance, vous positionner sur vos besoins avec aisance et obtenir les ajustements nécessaires à votre plaisir de travailler.
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Aller plus loin
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