Lorsqu’elle déboule sans crier gare, l’envie de changer de métier nous apparaît plus souvent comme une lubie de l’instant que comme la meilleur idée qu’on ait jamais eue. Sitôt né, sitôt enterré, le désir de reconversion! Pourtant, il y a toute une batelée de bonnes raisons de laisser parler cette petite voix de l’insatisfaction professionnelle et d’explorer ses messages et pas forcément pour opérer un virage aventureux.
Désir de reconversion, voix de l’insatisfaction
L’envie de se reconvertir peut saisir n’importe qui n’importe quand (moi elle m’a pris, je me souviens, un mardi;), mais dans la plupart des cas, nous la remisons directement dans un endroit discret où elle ne risque pas trop de venir déranger un quotidien bien ordonné. C’est vrai, quoi, on est quand même des gens responsables avec des responsabilités, pas des égoïstes qui n’écoutent que le gré de leurs lubies. Et hop! La machine a bonnes excuses a fonctionné et tant pis pour cette petite voix de l’insatisfaction qui tente de s’élever au milieu du ronronnement des habitudes et des résignations.
Et ce n’est pas toujours une bonne idée: de petits mécontentements en grandes exaspérations tout ce que nous taisons d’insatisfaction professionnelle va finir par nous rattraper sous diverses formes: amertume, stress, déplaisir chronique, anxiété, préoccupation, agacement, nervosité, agressivité, découragement, démotivation, fatigue etc. Et parfois jusqu’au burnout ou à la dépression.
Ecouter la voix de l’insatisfaction dès qu’elle se manifeste, c’est prendre soin de soi et ça ne signifie pas, si elle vous susurre à l’oreille la sérénade des bifurcations professionnelle, que vous allez nécessairement changer de métier. C’est plutôt s’offrir la possibilité de passer sa situation professionnelle à la machine pour faire revenir les couleurs d’origines – ou rajouter de ma teinture, histoire de lui donner des nuances plus actuelles et plus chatoyantes.
Et si ce discours ne suffit pas à vous convaincre, voici, en vrac, 10 bonnes raisons de sortir son désir de reconversion et de l’explorer en toute liberté, parce qu’au pire, vous en aurez tiré des pelletées de bénéfices:
1- Parce qu’au pire, vous renoncerez en toute connaissance de cause
Il y a mille et une bonnes raisons de renoncer à une envie de reconversion, et mieux vaut renoncer en connaissance de cause que de se traîner toute sa vie des regrets et des « et si » qui nourrissent davantage les ulcères et l’amertume que la satisfaction d’avoir fait le bon choix.
2- Parce qu’au pire, vous vous serez mis au job crafting
En explorant votre désir de bifurcation professionnelle, vous allez faire le point sur les éléments essentiels à votre plaisir au travail, en termes d’environnement, de talents naturels, de compétences, de tâches, de croyances, de besoins, de valeurs, de sens. Vous pourrez en faire bénéficier votre vie professionnelle actuelle, au cas où vous décidiez de renoncer à votre projet parce qu’il ne vous conviendrait pas et opter à la place pour une mise à votre main de votre job actuel.
3- Parce que c’est passionnant et ça développe le leadership de soi
Nous nous connaissons somme toute assez mal, nous nous sentons perclus de contradictions qui ne sont que des facettes de nous-mêmes dont l’exploration fascinante, pour peu qu’elle évite les tests de personnalité, permet une cartographie qui inclue son aspect mouvant, adaptatif, évolutif. La logique interne retrouvée nous donne un sentiment de complétude et favorise l’acceptation de soi, l’assurance, le dynamisme serein et la mise de nos caractéristiques spécifiques au service d’un projet professionnel ou autre.
4- Parce que réfléchir à des projets, c’est fun
Surtout lorsque la routine, l’habitude, l’ennui se sont installé et que la réflexion sur des projets professionnels possibles ouvrent des horizons tous neufs, des territoires à explorer, des possibles à inventer et que c’est quand même plus fun que de subir un quotidien sinistre et compassé.
5- Parce que vous y redécouvrirez peut-être du sens à votre métier
C’est un grand classique du désir de reconversion qui s’est cristallisé autour d’une caractéristique relativement extérieure au métier : des relations pénibles, une atmosphère délétère, une fonction inadaptée aux besoins individuels, plutôt que sur une spécificité intrinsèque. L’attention se concentre sur la source d’insatisfaction et perd de vue tout ce qui pouvait faire sens dans le métier. Explorer les sources d’insatisfaction et traiter celles qu’on est susceptibles d’emmener avec soi dans n’importe quel ailleurs professionnel fait partie intégrante d’une réflexion autour d’une reconversion. Ce grand nettoyage de printemps peut libérer de l’espace dans votre disque dur interne qui peut alors consacrer une part de son attention à la redécouverte des raisons qui font qu’au fond, nous l’aimons, ce job. C’est le cas d’environ 25% de mes clients.
6- Parce que réfléchir à son désir de changer de métier n’est pas une prise de risque
Il est indispensable de dissocier les phases de réflexion et de mise en action. Croire que se lancer dans la réflexion c’est se lancer dans le projet génère de nombreux freins parce que les candidats à un changement de métier ne se sentent pas forcément prêts à se jeter dans une transition de carrière lorsqu’ils entament leur réflexion. C’est bien entendu le plus souvent dans l’autre sens que ça se passe : c’est une fois le projet identifié, son quoi, pourquoi, comment solidement établi dans les détails que le candidat à la reconversion prend la décision de se lancer.
Et une réflexion digne de ce nom devrait déboucher sur les critères et les actions d’un projet faisable, pertinent et générateur de motivation. Donc la décision de se lancer devient alors une risque mesuré, pris en compte, accepté.
7- Parce que votre rêve professionnel est peut-être réalisable
Quand on y regarde de plus près, les aspirations les plus farfelues en apparence peuvent se révéler moins branquignoles et déraisonnables qu’il n’y paraissait au premier abord. Parce qu’au fond, leur faisabilité dépendant essentiellement de ce que nous sommes en mesure de mettre au service de notre projet, elle ne demandait qu’à être dévoilée. Et damned, c’est justement l’exploration du désir de reconversion qui peut amener à cette conclusion! Vous risquez ainsi de trouver des moyens de lever les freins, de contourner ou de franchir les obstacles, de trouver autant de manières que nécessaire de mener à bien votre projet…
8- Parce que vous pourriez y identifier le métier qui correspond à vos aspirations
Si le pire n’est jamais sûr, le meilleur non plus. Au gré de vos pérégrinations dans le monde des métiers existants et ceux qui restent à inventer, de vos aspirations et de vos sources de motivation, qui sait, vous pourriez tomber sur votre propre définition de la réussite, indépendamment des idées reçues, ou bien sur une idée de vie professionnelle déraisonnable mais réjouissante, un de ces projets qui parlent tellement aux tripes que, rien que d’y penser, il vous donne des frissons dans le dos et vous met le poil au garde à vous. Un projet tellement vecteur de motivation qu’il va vous donner une détermination gaillarde, une énergie tenace, l’endurance et l’audace nécessaire à sa réussite. Le projet tellement logique, tellement limpide qu’il vous portera au lieu de vous demander de le porter.
9- Parce que vous avez le droit de vous éviter le burnout ou le plafond de bois
Ce n’est pas l’entreprise qui le fera pour vous : la perte de sens, la sur-implication pour compenser, raccourci vers le burnout assuré, vous êtes la seule personne concernée pour l’instant par votre propre bien-être au travail. C’est assez insupportable mais tant que les choses resteront en l’état, vous avez tout intérêt à prendre votre carrière en main par vous-mêmes quand se font sentir les prémisses d’une insatisfaction suffisamment palpable pour être une menace à votre santé.
De même, la carrière qui bloque lorsqu’on atteint sa limite d’aptitude dans un domaine donné, cette limite des échelons que l’on pourra gravir c’est souvent un moment difficile à avaler. Et d’autre part, ça peut mener tout droit au mieux à l’ennui mortel, au pire à se retrouver sur le carreau des seniors à employabilité écornée par les idées reçues et le management imbécile. Et encore une fois, ce n’est pas l’entreprise qui va s’en préoccuper: sa gestion des talents et des carrières s’arrête un poil avant la seconde partie de carrière;)
10- Parce que 60% des métiers de demain sont à inventer
Entre évolution de société et mutations technologiques, le marché du travail est à l’aube d’une transformation sans précédent et ces bouleversements seront nécessairement vecteurs de reconversion. 60% des métiers de demain n’existent pas encore et ne demandent qu’à être inventés par ceux qui auront eu le courage insensé d’aller réfléchir à ce qui a du sens pour eux et comment ils peuvent le transformer en un métier.
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