Ils vous auront prévenu(e)! Votre désir de reconversion est une idiotie, une aberration, une cause perdue! Et pour vous en convaincre, ils jouent les épouvantails, ces lugubres corbeaux qui vous expliquent en détail comment votre projet est une vraie fausse bonne idée. Nous avons vu combien il est important de gérer les casse-pieds pour conserver une énergie précieuse pour votre projet. Voici 5 pistes pour éviter de subir ou de vous fâcher avec la moitié de votre entourage.
Les épouvantails, passeurs de doutes
Face à votre désir d’ailleurs professionnel, les épouvantails ont revêtu leurs habits de corbeaux en deuil et, oiseaux de mauvaises augure, ils vous abreuvent de leurs mises en gardes, vous brossent des tableaux sinistres de cet avenir professionnel, jadis si prometteur et que vous êtes en train de compromettre sans vous en rendre compte. Ils soumettent chacune de vos réflexions aux couperets de leur censure, ils vous décrivent les échecs effroyables qui vous attendent, ils vous admonestent, vous sermonnent, vous chapitrent, ils vous conjurent de retrouver la raison et de rentrer dans les chemins douillets des carrières linéaires. Aaaah les tristes sires qui ne comprennent ou ne partagent ni vos élans, ni vos moteurs!
L’enthousiasme et la motivation de celui ou celle qui cherche une voie de reconversion ou a trouvé un projet qui parle à sa panse sont souvent éprouvés par les réactions de l’entourage personnel ou professionnel. Les vérités universelles péremptoires, les jugements définitifs, les critiques ouvertes de ceux-qui-nous-veulent-du-bien fleurissent comme les pâquerettes au soleil, en définitivement moins agréable à côtoyer.
Rapidement, les réactions négatives peuvent générer des doutes et des questionnements sur le bien-fondé de la bifurcation que notre trajectoire professionnelle s’apprête à prendre. Nous aimerions tellement que l’entourage comprenne nos choix, les encourage, les soutienne, et fassent des suggestions positives et constructives… mais c’est souvent le sentiment de solitude qui l’emporte, aussi mieux vaut protéger ses arrières pour éviter la perte de confiance en soi et en son projet.
« Il est plus facile de critiquer que d’avoir raison » Disait Disraeli. Et ils ne vont pas se gêner, vos épouvantails personnels, car il n’y a rien de plus simple que de critiquer un projet, en particulier lorsqu’il ne correspond pas à l’idée, forcément étriquée que le critique se fait de la situation. Vision étriquée parce qu’une certitude l’est toujours, elle est le reflet d’une représentation de la réalité, pas de LA réalité.
Les épouvantails ne sont pas une surprise
Le plus souvent, les réactions pénibles face aux projets de ré-orientation professionnelle ne sont pas tout à fait une surprise. Vous le saviez bien que l’Oncle Alfred, avec ses idées tranchées sur les carrières linéaires et la définition d’un « bon » métier, ne réagirait pas très bien à notre envie d’ouvrir une boutique en ligne de couverts en bambou !
Et Maman qui croit qu’Internet c’est pour envoyer des mails et réserver des billets d’avion, vous imaginiez bien que votre envie de quitter votre poste d’ingénieur en aéronautique pour devenir community manager n’allait pas la faire sauter de joie !
De même, votre meilleur pote qui a gravi les échelons de sa boîte à la sueur de son front et est devenu directeur commercial, alors qu’il rêve secrètement de tenir une librairie depuis l’âge de 16 ans, il n’est pas surprenant qu’il tente de vous dissuader d’aller vers un métier qui parle à vos tripes alors qu’il ne se l’autorise pas pour lui-même, à coups de rationalisations raisonnées-raisonnables.
Épouvantails épouvantés
Supporter les mises en garde sans fin des épouvantails du changement de métier, c’est assez accablant et pour s’en détacher, commençons par comprendre ce qui les motive. L’empathie a de bon qu’à défaut de nous rendre l’autre acceptable, elle le rend compréhensible. Le négativisme forcené de ceux qui se fichent bien de savoir si votre projet vous tient à cœur et comment vous compter le faire vivre, quelle que soit la manière dont il s’exprime, à un dénominateur commun: la peur.
Une peur qui, bien entendu et en dépit de ses discours altruistes, ne parle pas de vous, mais le renvoie directement à lui-même:
– Peur d’avoir tort: il craint que ses propres certitudes sur la vie professionnelle, la relation au travail ne soient pas des vérités universelles: votre projet vient bousculer les fondations de leur propre trajectoire et ça fait mal.
– Peur des incertitudes et des risques inhérents à un changement de trajectoire professionnelle, donc de ne pas être en mesure de s’y mettre soi-même, ce qui génère de la rancœur vis-à-vis de ceux qui le font.
– Peur de l’inconnu, de ce qu’on ne sait pas faire soi-même et qu’on projette sur l’autre en prédisant les échecs possibles. Les critiques hâtives du changement de métier en sont rarement des spécialistes et c’est davantage leur incompétence qui parle.
– Peur que l’autre accède à un plaisir au travail auquel il ne fait qu’aspirer sans agir. Les Victimes (au sens triangle de Karpman du terme, d’où la majuscule) aiment gémir, de préférence à plusieurs elles n’aiment pas que d’autres s’en sortent.
Toutes ces craintes vont pousser les commentateurs pas très sportifs à tenter de vous dissuader de vous lancer dans une entreprise qu’ils estampilleront hasardeuse, ridicule, absurde etc.
Le plus souvent, ces craintes sont peu conscientes et il n’y a pas de désir vraiment volontaire de saper votre projet : les critiques se parlent à eux-mêmes de leurs propres peurs et si d’aventure vous étiez d’accord avec eux, ça les rassurerait sur la légitimité des craintes en question.Ce qui n’empêche pas que le degré de pénibilité de leurs observations.
Gérer les épouvantails, 3 erreurs courantes
Par crainte donc, Ils se transforment donc en oiseaux de proie qui tournent autour de votre projet et vont se jeter sur la moindre faille pour démontrer la véracité de leurs propos. Et parce que c’est usant, à un moment où nous aurions grand besoin de discussions constructives, nos réactions peuvent être un poil épidermique et se finir en erreurs relationnelles qui aident somme toute assez peu:
– Se mettre sur la défensive : votre interlocuteur sait alors qu’il a atteint sa cible et il ne va pas se gêner pour vous balancer une bordée d’autres flèches.
– Se justifier : le défaut majeur de la justification, c’est qu’elle sous-entend directement que peut-être, effectivement, vous avez tort. Qui s’excuse s’accuse, comme dirait l’autre, et fait le jeu de l’épouvantail.
– Argumenter : leur réaction étant d’ordre émotionnel, la logique ne risque pas de les faire changer d’avis et votre décision peut être profondément rationnelle à vos yeux, vous ne risquez pas de les convaincre.
Voici donc quelques alternatives pour préserver la relation et favoriser un retour à des interactions acceptables:
1- Choisir à qui on parle
Il n’est pas forcément une bonne idée d’aller raconter vos désirs de bifurcations professionnelles à votre pote Bichtouille qui est convaincu que la seule voie est celle qui fait grimper un à un les échelons. Dans votre entourage, certains seront hermétiques à vos envies de reconversion, d’autres plus à l’écoute, même s’ils ne sont pas forcément à l’aise avec votre cheminement. Choisir soigneusement ce qu’on va dire à qui, c’est souvent s’épargner bien des déconvenues. Voir:
2- Questionner ce qui motive les commentaires négatifs
Malgré tout le soin que vous avez mis à choisir à qui parler, il reste quelques épouvantails. Le moins énergivore est sans doute de questionner ce qui motive leurs commentaires négatifs. Il peut y avoir trois résultats:
- Identifier les craintes : cette technique est particulièrement intéressante avec des proches qui peuvent être directement impactés par votre projet (en d’autres termes la ou les personnes avec qui vous partagez votre vie: votre conjoint, vos enfants. Vos parents et amis ne sont pas directement impactés, même si les premiers aiment à vous dire le contraire), car vous êtes alors au fait de leurs craintes et pouvez trouver des solutions ensemble.
- En tirer des enseignements : peut-être que leurs critiques ont été formulées de manière excessivement négatives tout en contenant, au fond, des éléments intéressants à prendre en compte, fruits d’une réelle analyse des écueils à éviter. Ceux-là vous feront avancer.
- Déboucher sur une discussion: qui peut vous permettre d’expliquer le quoi/pourquoi/comment de votre changement de métier et ainsi de vous faire mieux comprendre, de faire davantage accepter vos choix.
3- Accueillir la critique
Une autre option consiste à accueillir la critique comme on le ferait dans n’importe quelle autre situation: avec élégance. Ne cherchez pas à convaincre à tout prix, à contredire, à rétablir ou faire valoir votre vérité: reformulez le jugement passé et remerciez votre interlocuteur de vous avoir fait part de ses réserves. Vous pouvez même couper court à la conversation en disant que vous allez y réfléchir. Pour vous aider:
4- L’édredon
La technique de l’édredon est une façon moelleuse et en douceur de recevoir la critique sans en accuser émotionnellement réception. C’est un mélange d’accueil des faits et d’absence de réaction face au jugement qui amortit le choc pour vous d’une part et désarme l’interlocuteur d’autre part. Il ne trouve alors pas ce qu’il chercher, la confrontation et le jeu de pouvoir, mais a le sentiment d’avoir été entendu. Il y a des fortes chances pour qu’il lâche l’affaire. Particulièrement efficace vis à vis des attaques un peu brutales. Voir:
4- La lecture émotionnelle
Les réactions émotionnelles de vos oiseaux de mauvaise augure sont porteuses d’enseignements sur leurs besoins. Les déchiffrer permet de répondre à ces besoins et de les détendre:
– Les agacés: ceux qui ont la moutarde qui leur monte au nez à l’idée de votre projet ont besoin de concret, de résultats tangibles, ils se fichent bien du comment et du pourquoi de votre itinéraire. Donnez-leur des faits, des conclusions, bref, du solide, du grain à moudre.
– Les inquiets: ceux que votre projet angoissent ont besoin de points de repère pour se rassurer. Vos formidables motivations à contribuer à quelque chose qui vous tient à cœur ne les intéresse pas: ils veulent un itinéraire précis, des étapes claires. Parlez-leur de votre projet en lorsque vous êtes suffisamment avancé(e) pour pouvoir expliquer comment vous allez vous y prendre.
– Les attristés: ceux que vos projets fatiguent et décourage ont besoin d’en comprendre le sens. Le concret et les étapes de votre projet leur importent peu: ils sont intéressés par vos motivations, l’utilité de votre projet, la façon dont vous allez contribuer à quelque chose. Avec eux, vous pouvez analyser, parler tentants et aboutissants, bénéfices, valeurs et cohérence du projet.
5- L’affirmation de soi
Face aux épouvantails de haut vol, les trop récurrents, trop péremptoires, trop agaçants ou fatigants, il vous reste la possibilité de vous positionner plus fermement – mais toujours de manière non agressive – en ayant recours à la demande assertive, ou à l’établissement d’une limite, au cas où l’importun dépasse les bornes d’une façon franchement intolérable. Attention tout de même, la limite est à réserver aux cas extrêmes.
Voir aussi
Ithaque, premier influenceur français sur le reconversion professionnelle
Reconversion: entourage et sentiment de solitude
La reconversion professionnelle, une affaire de tripes!
Reconversion professionnelle: 6 points indispensables à traiter
Reconversion professionnelle et croyances limitantes
Quand l’héritage familial entrave la reconversion professionnelle
Une reconversion professionnelle zen et dynamique à la fois!
Aller plus loin
Vous songez à une reconversion professionnelle? Vous êtes en train de changer de métier? Pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual au 01 39 54 77 32