Une expérience réalisée à Harvard a montré combien nous sommes peu observateurs, pour ne pas dire aveugles à ce qui nous entoure. Avec à la clé opportunités ratées et erreurs de jugement. Voici donc 12 moyens de développer le sens de l’observation pour tirer davantage de bénéfices de ce qui se passe autour de nous… |
N’est pas Sherlock Holmes qui veut…
Une expérience intéressante a été menée à Harvard par deux chercheurs en psychologie, Dan Simons et Christopher Chabris, auteurs du livre The Invisible Gorilla, dont a été tiré une vidéo d’un gorille invisible, qui a fait 25 fois le tour du web cette adaptation dans un spot de sécurité routière. Nous sommes y tellement occupés à compter les passes que se font des basketteurs que personne ne voit l’ours qui fait le moonwalk.
Les deux psychologues ne se sont pas arrêtés là et ont mené un certain nombres d’études, dont celle qui nous intéresse aujourd’hui et qui montre que nous avons peu de chance de devenir Sherlock Holmes, tant nous prêtons peu d’attention à ce qui nous entoure.
Des candidats qui pensent venir participer à une expérience dans la pièce que la personne au comptoir va leur indiquer, après leur avoir fait signer une décharge, sont en fait l’objet de l’expérience alors même qu’ils signent le formulaire. Le principe est simple. La personne qui les reçoit se baisse derrière le comptoir pour prendre un papier, et c’est une autre personne qui se redresse.
Étonnamment, 75% des gens ne se rendent absolument pas compte du changement d’interlocuteur. Aucune conclusion n’est tirée sur ce qui fait qu’on appartient au groupe qui remarque le changement ou à l’autre.
Quoi qu’il en soit, le chiffre de 75% est assez ahurissant et il montre clairement le peu d’attention porté aux interlocuteurs, du moins ceux avec qui les interactions ont une importance négligeable. Car le cerveau choisit, à chaque instant, quelle information mérite d’être traitée, et quelle information peut être délicatement remisée dans sa poubelle interne.
Effets secondaires négatifs
En quoi cela nous est-il utile?
Cette étude montre combien nous sommes peu attentifs à ce à quoi nous ne nous attendons pas. Nous ne voyons que ce que ce qui fait partie de notre paysage interne et négligeons le reste. Pour peu que nous soyons concentrés sur quelque chose, nous devenons purement et simplement aveugles à ce qui se passe autour de nous, et en particulier aux changements qui se produisent. Ce qui signifie que notre conscience de notre environnement est beaucoup plus limitée que nous l’imaginons. Avec tout ce qui en découle comme conséquences dommageables:
- Les opportunités ratées Et à juste titre, puisqu’elles n’auront même pas été perçues, donc non identifiées comme des opportunités. Bye bye sérendipité, et bonjour l’ancrage dans sa zone de confort. Car nous y perdons aussi des opportunités d’apprentissage, d’expérimentation, d’exploration.
- Les erreurs de jugement Cette étude donne un éclairage intéressant sur certains comportements que nous avons tendance à juger trop vite. Tartempion, que vous avez croisé dans la rue (où à côté de la photocopieuse) vous a regardé dans les yeux et ne vous a même pas salué, vite fait rangé dans un bocal à con parce que non, vraiment, ça ne se fait pas ces choses-là. Peut-être que le Tartempion en question ne s’attendant pas à vous voir, ou bien concentré sur autre chose, ne vous a tout simplement pas vu.
- L’inattention aux autres L’étude montre combien nous prêtons peu d’attention aux autres. Tous concentrés que nous sommes sur nos petits nombrils, nous risquons de passer à côté d’eux, de leurs qualités comme de leurs travers, mais aussi de leurs difficultés, de leurs besoins. Avec toutes les conséquences relationnelles que cela peut induire, comme par exemple, à l’inverse de l’item précédent, de terminer dans le bocal à con d’un certain nombre d’entre eux.
- L’inattention à soi Tête dans le guidon, concentrés sur nos objectifs à tenir, nous pouvons aussi passer à côté des émotions, des signes de stress indicateurs d’un défaut de bien-être qui devrait être traité, faute de quoi nous risquons de finir en burnout.
- Les convictions erronées et/ou limitantes Nos convictions se forgent en fonction de ce à quoi nous nous attendons, de nos perceptions, pas du tout de la réalité. Nous passons ainsi à côté des preuves du contraire de ce que nous pensons, nourrissant au passage nos préjugés bien plus sûrement que notre sens critique.
Tout cela donne envie de développer son sens de l’observation, pour être plus attentif au monde qui nous entoure et en saisir toutes les opportunités d’apprentissage et de compréhension du monde, au lieu de nous enfermer dans l’inattention et les préjugés. Pour cela, rien de tel que de développer un sens de l’observation qui va nous permettre d’intégrer davantage d’éléments environnementaux dans le casier des affaires urgentes à traiter de notre cerveau.
Bienfaits du sens de l’observation
Avoir le sens de l’observation est un talent remarquable, aux multiples bénéfices. Il permet d’ouvrir le champ, d’apprendre davantage et plus vite, autant par le repérage ou l’appropriation que par l’inférence, de relever des informations, de varier ses perceptions, de mieux comprendre le monde, de faciliter la prise de décision.
Sur le plan relationnel, il permet de mieux comprendre la personnalité et les mécanismes internes de l’autre, de se questionner sur ces comportements au lieu de les juger, de saisir des changements parfois imperceptibles dans les comportements, signes d’une difficulté ou au contraire d’une amélioration.
En permettant de mieux appréhender les situations, le sens de l’observation amène aussi à augmenter la capacité à s’adapter, à trouver des solutions, la créativité. Il facilite par exemple l’identification des éléments non payants d’une stratégie, lorsqu’on met en œuvre la triplette du coaching.
Sens de l’observation ne rime pas nécessairement avec souci du détail, ça ne signifie pas seulement être le champion olympique du jeu des 6 erreurs. C’est autant avoir un œil pour les détails qu’être capable de relever un élément important au milieu des autres. Ou encore intégrer dans son espace conscient un maximum d’éléments de notre environnement. Voici 12 moyens – parmi d’autres, ils sont légions – de peaufiner le vôtre jusqu’à en faire un talent proche du super-pouvoir du Sherlock Holmes moderne;)
Mini coaching: 12 moyens de développer le sens de l’observation
1- Faire preuve de curiosité
Saisir et même déclencher les opportunités d’apprendre quelque chose de nouveau, de découvrir, d’explorer. Pourquoi les choses sont comme elles sont? Comment fonctionnent-elles? Faites preuve de curiosité en permanence: c’est une sacrée qualité!
2- Faire preuve de non-jugement
Observer tous les aspects d’une situation, d’une personne, d’un objet en taisant ses convictions, ses idées reçues et ses préjugés, mais plutôt avec l’envie de voir le maximum de détails. En d’autres termes, chercher à comprendre plutôt qu’à juger.
3- Demander l’avis des autres
Chercher et questionner les opinions des autres, pour comprendre comment ils en sont arrivés à leurs propres conclusions, à comprendre les mécanismes qui génèrent leurs arguments.
4- Prêter attention aux autres
Prêter attention aux détails qui font d’une personne un tout, depuis sa façon de s’habiller jusqu’à son langage du corps, en passant par le plus important: ce qu’elle nous dit. Faire preuve d’écoute et d’empathie.
5- Challenges d’observation
Inventez des mini challenges d’observation, comme par exemple: trouver 10 personnes qui portent un vêtement rouge sur le trajet du boulot. Ce type d’exercice est tout simple et est une excellent moyen d’habituer l’attention à se focaliser sur des choses très différentes, en fonction des besoins, et d’élargir notre paysage interne.
6- S’émerveiller
Chercher sciemment des éléments qui suscitent une émotion en vous, depuis un rayon de soleil jusqu’à la beauté architecturale d’une façade. S’émerveiller est un moyen épatant à la fois de développer son sens de l’observation et d’engranger les vitamines mentales. Bref: d’améliorer ses compétences et son humeur!
7- Chercher des éléments familiers dans quelque chose de nouveau
Nous craignons souvent la nouveauté, parfois même sans vraiment le percevoir. Trouver les éléments familiers dans la nouveauté permet aussi d’apprivoiser plus facilement des changements subis perçus comme inquiétants ou déstabilisant.
8- Chercher des éléments nouveaux dans quelque chose de familier
Par exemple, choisir un bâtiment devant lequel vous passez souvent et relever 5 caractéristiques que vous n’aviez jamais remarquées. Idem à l’arrêt de bus, à la gare, à la caisse du supermarché etc.
9- Pratiquer l’observation auditive
Notre monde bruyant nous rend encore moins attentifs à notre environnement sonore qu’à notre environnement visuel. Voir:
Bien-être: le bruit et la fureur (1)
Bien-être et relations: le bruit et la fureur (2)
10- Le jeu de l’adjectif
S’asseoir quelque part et regarder autour de soi. Choisir un adjectif et repérer tout ce qui lui correspond. Ou inversement, pour chaque chose qui rentre dans notre champ visuel, chercher un adjectif pour le qualifier.
11- Chercher les éléments positifs chez les inconnus
Choisir une personne au hasard, par exemple dans les transports, et relever 5 caractéristiques qui vous plaisent, qui vous émeuvent, qui vous interpellent etc.
12- Be aware!
Et pour que tout cela soit complètement efficace, autant être dans le présent, alors soyez aware, chers lecteurs, en étant pleinement à ce qui se passe autour de vous lorsque vous n’avez pas d’obligation à vous concentrer sur une tâche ou une réflexion. Intégrez un maximum d’éléments de votre environnement dans votre paysage interne;)
Voir aussi
La curiosité est une sacrée qualité!
Renouer avec l’autodidacte qui sommeille en nous
Le bilan d’incompétences
Redécouvrir nos talents
Reconnaître ses accomplissements
Les qualités de nos défauts
Etre dans le présent
A la rencontre de la beauté
Aller plus loinVous voulez développer vos talents, capacités et ressources internes? Pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual |
Merci pour ce billet, et cela m’amène à ajouter une liste d’erreurs de réflexions que nous commettons tous si nous ne sommes pas attentifs: http://www.reussirensemble.info/blog/index.php?post/2011/08/03/Les-erreurs-de-r%C3%A9flexion
Autant intéressant qu’édifiant. Un article qui donne envie d’être encore plus curieux, merci.
Merci Denis!
J’ai donc atteint mon objectif^^
Nil sapientiae odiosius acumine nimio. La lettre volée d’EAP réinventée et transposée à la modernité. Bravo!
Merci:))
Très intéressant 😉
Merci 😀
avec plaisir^^
Merci, je vais appliquer qlq uns le 5, 7, 8 et le 10 j’ai aimé ce genre de jeux
Je les aime bien aussi! Car non seulement ils développent l’observation, mais potentiellement ils peuvent aussi être amusants^^
Très instruisant je commencerai dès maintenant les exercices . merci pour ce bel article
Bonne expérimentation;)
Super article merci 🙂
J’ai beaucoup aimé le début avec la vidéo, j’ai trouvé cela incroyable… je l’ai d’ailleurs relayé sur Twitter !
Je cherche des techniques pour m’entrainer à l’observation, mais avec une telle cecité cognitive c’est pas facile…
Merci!
Ce n’est pas facile effectivement, mais l’entraînement et la pratique aident;)
Je crois que j’y suis alors. Ou sinon à peu de chose prêt !
Félicitations^^
Merci pour cet article captivant!
merci:))
Super article Sylvaine merci beaucoup ! 12 conseils c’est rare sur Google autant de valeur et un article concis !
Merci:))