Je suis ravie de vous annoncer la sortie de mon livre en octobre. Intitulé Job crafting : 10 séances d’autocoaching pour devenir l’artisan de votre plaisir au travail, il a pour objectif de proposer de multiples pistes de réflexion sur des modifications concrètes que vous pouvez apporter à votre quotidien professionnel pour gagner en plaisir de travailler.
Le job crafting : l’art de bricoler son plaisir de travailler
Selon Amy Wrzesniewski, Justin Berg et Jand Dutton qui l’ont conceptualisé, le job crafting est
« Ce que les employés font pour façonner leur travail et qui génère satisfaction, résilience et épanouissement ».
En d’autres termes, le job crafting est une démarche personnelle, non soumise à une quelconque modélisation de ce qui est autorisé ou pas par le management qui procure du plaisir de travailler. Or vous le savez, lecteurs fidèles, mon motto depuis que j’exerce est que la vie professionnelle est bien trop longue pour s’emmerder au boulot et tous mes accompagnements vont dans ce sens. D’autre part, pour tous ceux qui pensaient, quand j’ai commencé à dire que je travaillais à la rédaction d’un livre, qu’il s’agissait d’un ouvrage sur la reconversion, ce qui m’intéresse particulièrement dans le job crafting, c’est que c’est une pratique transverse qui est (ou devrait) être à la base de toute bifurcation professionnelle qui vise davantage de satisfaction. Je suis la seule aujourd’hui et depuis 12 ans à l’intégrer totalement dans mes accompagnements à la reconversion.
Pour vous présenter plus en détail le concept du job crafting, je vous propose de commencer par sa genèse, racontée par celle qui l’a créé et qui en parle avec limpidité.
Elle décrit par exemple ces employés de nettoyage d’un hôpital, observés dans le but de comprendre leur relation et leur expérience du travail. Comme on peut s’y attendre, une part d’entre eux l’évoquaient sans grande satisfaction. En revanche, d’autres employés appréciaient leur quotidien professionnel et y trouvaient du sens. La différence entre les deux résidait dans leur façon d’avoir modifié le contenu de leur travail :
– Certains prêtaient attention aux patients de façon à repérer ceux qui avaient l’air seuls ou tristes et passer deux fois dans la journée ou leur parler
– Certains évoquaient le fait d’aider les visiteurs âgés à regagner leur voiture (en dépit du fait que ça pouvait être considéré comme une faute passible de licenciement)
– Une personne travaillant dans une unité avec des patients dans le coma raconta comment elle interchangeait les reproductions qui décoraient les chambres, en se disant qu’un changement dans l’environnement des patients les aiderait peut-être. « Ca ne fait pas partie de mes tâches, dit-elle, mais ça fait partie de moi ».
Parmi le personnel de nettoyage, une part faisait son travail différemment, à sa manière, parfois en dépit des règles et à l’insu du management. De là, l’observation d’autres salariés dans d’autres organisations a mené au concept de job crafting.
Selon leur définition, le job crafting consiste donc à modifier les contours de sa vie professionnelle d’une manière qui génère davantage de plaisir, de satisfaction, de motivation, de résilience et d’engagement. Il y a trois axes de job crafting
– Le contenu du travail
– Les relations de travail
– La perception du travail (il ne s’agit pas de se forcer à voir son job autrement, comme par magie, en y mettant d’autres mots. Il s’agit de la conception réelle que l’on en a, en fonction de ce qu’on y fait et des raisons pour lesquelles on le fait).
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Pourquoi un livre sur le job crafting ?
A ma connaissance, il s’agira du premier livre en français sur le job crafting et je suis ravie de pouvoir participer à la promotion de cette pratique jubilatoire que j’utilise avec mes clients depuis mes débuts, en 2008, même si je n’ai adopté le terme que plus tard. Car vous le savez, lecteurs fidèles, en vertu du principe que la vie professionnelle est (bien) trop longue pour s’emmerder au boulot, l’idée de développer son propre pouvoir d’agir au service d’une vie professionnelle plus réjouissante.
Promouvoir le job crafting, c’est à mes yeux donner la possibilité de renouer avec une part de pouvoir d’agir personnel qui semble souvent manquer, englués que nous sommes dans des images figées de nos métiers et du cadre établi par l’entreprise.
L’objection fréquente est que le job crafting pourrait encourager l’individualisme et le mépris de l’entreprise, à qui il pourrait nuire. Or c’est l’inverse qui se produit, puisque les observations ont conclu qu’outre la satisfaction, il débouche sur davantage d’engagement et d’attachement à l’entreprise, ainsi que sur l’augmentation de l’efficacité, du plaisir de travailler, de la mobilité interne et la capacité à prendre de nouvelles responsabilités. Amy W. encourage les organisations à le favoriser sur le plan managérial. Ce n’est pas mon propos dans ce livre, mais j’aurais l’occasion de revenir sur ce sujet, qui me semble essentiel au futur des organisations. Le livre s’adresse à tous ceux, salariés, chefs d’entreprise ou indépendants qui ont envie d’explorer leurs propres leviers pour gagner en plaisir de travailler, au travers de multiples pistes de réflexion et d’expérimentations, de manière à mettre leur vie professionnelle à leur main, en fonction d’eux-mêmes et surtout pas en appliquant des « outils » normés qui, par manque de personnalisation, donnent trop rarement les résultats espérés. J’ai donc conçu ce livre comme une invitation à la réflexivité et à l’action, tout en le rédigeant de façon très concrète pour que chacun puisse agir avec fluidité en faveur de son plaisir de travailler.
Job crafting : un nouvel anglicisme corporate ?
A l’évidence, le terme « job crafting » fait partie de cette américanisation de la sémantique de l’entreprise que je déplore, en particulier en tant qu’angliciste de formation. En effet, elle implique souvent un appauvrissement lexical dommageable, dans la mesure où c’est surtout le Globish corporate que nous utilisons dans le travail, alors que l’anglais est une langue merveilleusement riche et nuancée. Alors pourquoi avoir adopté le terme ?
Ce n’est qu’en 2011 que j’ai vraiment commencé à l’utiliser, auparavant, je me servais surtout de l’expression « job idéal », en vertu du principe qu’en visant l’idéal, on obtenait de l’acceptable au pire, là où en visant l’acceptable, c’est ce qu’on obtenait au mieux.
Cependant, la généralisation ces dernières années d’une sémantique excessive dans tous les domaines (depuis l’indigeste « foodporn » des frigides du palais jusqu’aux très corporate RH « talents » et autres « bonheur au travail »), m’a poussée à reconsidérer l’intérêt d’un lexique toujours plus qui pousse au toujours plus, toujours mieux, toujours plus grand, plus beau, plus fort. Car il encourage aussi trop souvent le plus artificiel et le plus normalisé jusqu’à se blaser à en oublier de se réjouir aussi du simple et de l’ordinaire, pour peu que ce soit ce qui nous nourrit vraiment. Alors j’ai modifié ma terminologie de deux manières :
– Du plaisir au travail au plaisir de travailler – qui est plus clair sur le fait qu’il s’agit bien de prendre du plaisir dans son travail, dans ses tâches, ses interactions etc. et non pas de petits plaisir connexes comme la table de ping pong ou les apéros-cahuètes.
– Du « job idéal » au « job crafting » parce que celui-ci désigne un concept concret et évite des confusions navrantes avec des images de l’Epinal corporate, de travailleurs épanouis et éternellement heureux, bras levés vers le ciel sur font de lever de soleil.
Le job crafting trouve naturellement sa place dans mes accompagnements, parce qu’il est indissociable de la reconversion et que l’élégance relationnelle en fait partie. J’y reviendrai;)
Publié aux Editions Vuibert, dans la collection My happy job en collaboration avec le site du même nom, il paraîtra en octobre.
La rédaction de ce livre n’a pas toujours été une mince affaire, d’autant qu’en ayant écrit plus de la moitié pendant le confinement, j’ai aussi du m’adapter aux étranges conditions générées par la pandémie. Ce qui veut dire que j’ai largement pratiqué le job crafting pour écrire un livre sur le job crafting, comme une mise en abyme amusante de ma propre vie professionnelle. Je vous raconte ça très bientôt en vous présentant le contenu de l’ouvrage.
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