Sylvaine Pascual – Publié dans: Vie professionnelle
Un article paru dans Psychomédia, Etes-vous dépendant au travail? a retenu toute mon attention: des chercheurs ont élaboré un test d’évaluation de la dépendance au travail que j’ai trouvé tout à fait intéressant, car il clarifie la définition de la dépendance au travail, suffisamment éloignée du simple excès de travail pour qu’il soit intéressant de faire la distinction. |
L’addiction au travail en augmentation
Selon le Docteur Andreassen de la faculté de psychologie de l’université de Bergen en Norvège, qui a réalisé le test de dépendance au travail, entre la mondialisation, les nouvelles technologies et les frontières de plus en plus floues entre vie privée et vie professionnelle, le nombre de personnes dépendantes au travail est en augmentation.
Le problème, c’est que la confusion entre une véritable addiction et un comportement excessif est assez fréquente. Ainsi aujourd’hui, dès qu’un ado passe trop de temps sur un mmorpg ou Facebook, il est probablement addict et est bon pour le psy. Alors qu’en est-il d’un salarié ou d’un entrepreneur qui n’arrive pas à déconnecter du travail et qui au final vit boulot, qui mange boulot, qui dort boulot?
Dépendance et relation au travail
Selon l’article de Psychomédia “des études ont montré que la dépendance au travail est associée à l’insomnie, aux problèmes de santé, à l’épuisement professionnel et au stress ainsi qu’aux conflits entre le travail et la famille”. Si ces symptômes sont présents dans l’addiction au travail, ils ne signifient pas à eux seuls qu’il y a dépendance, car on retrouve potentiellement les mêmes symptômes chez ceux qui travaillent trop. La différence majeure entre la dépendance au travail et l’excès de travail va se loger dans la nature de la relation entretenue avec le travail et la présence – ou non – d’un comportement compulsif.
Travailler trop
Travailler trop est essentiellement lié au temps consacré au travail pour diverses raisons:
- L’aveuglement sur sa propre endurance
- La négligence de ses besoins de repos et de déconnexion
- Des systèmes de convictions qui valorisent excessivement l’effort dans le travail et la négation du plaisir.
- Des contraintes externes imposées par l’entreprise.
- Des contraintes auto-imposées, par crainte (de perdre son emploi, de ne pas être à la hauteur, de ne pas tenir ses délais etc.)
- Des contraintes par exemples financières ou commerciales, pour ceux qui travaillent à leur compte.
Les 6 critères de la dépendance au travail
Selon Mark Griffith docteur en psychologie et professeur à l’université de Nottingham, les 6 critères de l’addiction au travail sont les suivants:
- La prépondérance: le travail devient l’activité et la préoccupation principale, à tel point qu’il est constamment dans les pensées de la personne.
- La modification de l’humeur
- La tolérance: l’augmentation régulière du temps nécessaire de travail pour parvenir à un sentiment de satisfaction.
- Le manque lorsque la personne ne peut pas travailler
- Les conflits entre la personne et son entourage, ou avec d’autres activités.
- La rechute
L’addiction au travail inclue donc des éléments qui n’apparaissent pas dans le simple excès de travail, comme un mal-être lorsqu’on ne travaille pas ou la compensation par le travail qui devient alors un moyen (toxique) de minimiser des sentiments tels que la culpabilité, l’anxiété, l’impuissance, voire la dépression.
Mini coaching: évaluer son degré de dépendance au travail
Vous avez le sentiment de trop travailler et vous vous demandez si vous n’êtes pas en passe de devenir dépendant? Voici le test, qui permet d’identifier une dépendance avérée mais aussi un risque de dépendance à venir.
Pour chacune des questions suivantes:, indiquez le nombre de points correspondant à leur fréquence: 1-Jamais 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Toujours
- Vous réfléchissez à la manière dont vous pourriez libérer plus de temps pour travailler.
- Vous passez beaucoup plus de temps à travailler que prévu initialement.
- Vous travaillez afin de réduire des sentiments de culpabilité, d’anxiété, d’impuissance ou de dépression.
- Des personnes vous ont suggéré de travailler moins sans que vous les écoutiez.
- Vous devenez stressé(e) si vous ne pouvez pas travailler.
- Vous dépriorisez les loisirs ou l’exercice à cause de votre travail.
- Vous travaillez tellement que cela nuit à votre santé.
Si vous avez noté 4 ou 5 à 4 items ou plus, c’est l’indicateur que vous êtes en situation de dépendance au travail. Il est alors certainement temps de vous adresser à un psy pour explorer ce que cette dépendance indique et implique, afin de la traiter.
Si vos résultats impliquent simplement que vous travaillez trop, il est peut-être de temps de de faire un point sur votre relation au travail avant qu’il ne devienne une addiction, ou tout simplement qu’il vous conduise au burnout, et de mettre en oeuvre les changements nécessaires pour éviter toutes ces conséquences réjouissantes et retrouver davantage de plaisir dans le travail.
Mini coaching: travailler moins!
Lorsqu’on tape “travailler trop” dans google, les résultats sont édifiant:
Voilà trois excellentes raisons de ralentir, de modifier ses façons de faire pour travailler moins et travailler mieux, de réapprendre à déconnecter, à cesser de se pourrir les week ends et les soirées pour au contraire les savourer.
- Combien d’heure par semaine travaillez-vous?
- Dans quelle mesure est-ce raisonnable? Acceptable? Trop?
- Quelles sont les raisons qui vous poussent à trop travailler?
- Quelles personnes/activités négligez-vous au profit du travail?
- Qu’est-ce que ça vous apporte de les négliger au profit du travail?
- Qu’est-ce que ça vous coûte?
- Quelles sont les conséquences réelles si vous travaillez moins?
- De quoi avez-vous besoin (environnement, ressources internes ou externes, compétences à développer etc.) pour travailler moins en toute sérénité?
- Comment les obtenir? Où les trouver?
Passez en mode solution pour élaborer les objectifs SMART et les plan d’actions qui vont vous permettre de revenir ainsi à une vie professionnelle plus sereine, plus profitable et plus écologique…
Ressources externes
Arrêtez de travailler plus de 40 heures par semaine – Express.be
Travailler moins pour vivre mieux – Agoravox
Travailler moins pour vivre mieux – L’arpent nourricier
L’addiction au travail: un mal-être à traiter – Suite 101
How Do I Know If I’m a Workaholic – Workaholic Anonymous
Identifier la dépendance au travail – Weka
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Aller plus loin
Vous travaillez trop et voulez trouver les moyens de revenir à un mode de vie au boulot plus serein et écologique? Pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual au 01 39 54 77 32 |
Je connais ce problème,
j’en est été victime un bon moment mais maintenant j’essai de penser a autre chose. La vie ça n’est pas que travailler, quand on l’oubli ça devient vite dangereux. Les gens qui ne jurent que par leur travail sont très malheureux.
Très bon article !
Merci Rchek pour le partage;)
Merci pour votre article. J’en étais victime du coup le midi je ne mangeais pas afin que je travaille plus pour finir ce que j’avais à faire. Je finissais à 20h et je rentrais à la maison à 21h20.
Bonjour Oihana,
Vous parlez au passé, j’espère que vous avez trouvé et mis en place aujourd’hui à un fonctionnement qui vous est bénéfique:)
Bonjour Sylvaine du coup j’ai trouvé un autre travail ou il y a moins de contrainte et en plus j’ai du temps pour manger le midi. Car avant dans mon encien travail je ne mangé pas le midi car je n’avais pas de temps du coup je mangé que le soir. Du coup grâce à mon nouveau travail je suis mon déborder et en plus les conditions de travail sont excellentes. Du coup je termine à 18 au lieu de 20h le mercredi je termine à 16h. Je gagne moins d’argent par rapport à mon encien travail. Mais c’est pas grave car mon nouveau travail est génial.
Bonjour Oihana,
Je suis actuellement en Master 2 de Psychologie Sociale et du Travail au sein de l’UCO d’Angers. Etant intéressée par ce phénomène d’addiction au travail, je réalise dans le cadre de mon cursus universitaire un article scientifique sur ce sujet et plus précisément sur les pratiques organisationnelles conduisant l’individu à développer cette dépendance et ainsi survaloriser la sphère professionnelle au détriment de sa vie personnelle.
En cela, je souhaiterais savoir si vous accepteriez de me parler de votre expérience passée, de manière anonyme si vous le souhaitez et ainsi m’aider dans ce travail de recherche ?
Bien cordialement,
Marine
Bonjour Marine, cntactez-moi par mail et nous pourrons fixer une rendez-vous;)