Parmi les vitamines mentales les plus nourrissantes se trouvent les petites parcelles de joie issues de choses ordinaires. Une émotion particulièrement intéressante : directement liée à la survie, la joie se révèle une alliée formidable pour entretenir l’énergie, la bonne humeur et participer de la joie… de vivre!
La joie, vitamines mentale la plus nourrissante
Le concept des vitamines mentales, je l’ai d’abord créé pour moi-même en 2004, lors d’un séjour prolongé à l’hôpital. Il m’est à l’origine venu spontanément comme solution pour m’aider à traverser cette période particulièrement difficile où mon quotidien oscillait entre douleurs terribles et incertitudes quant à ma récupération.
Je l’ai ensuite développé comme un ensemble de techniques pour inviter mes lecteurs et mes clients à se nourrir de micro plaisirs simples parce qu’ils sont une formidable source d’énergie et facilement disponibles. Et puis je me suis rendue compte au début des années 2010 que j’avais intuité un phénomène que le psychologue Martin Seligman avait étudié et modélisé qui, suite à ses écrits, a été largement diffusé.
Je m’étais appuyée sur ma propre joie de vivre pour concevoir ce qui est finalement davantage un état d’esprit, une aptitude qu’une méthode, parce que ce qui nous procure de la joie est très individuel. Cultiver la joie de vivre revenait essentiellement à repérer, récolter en engranger toutes les petites parcelles de joie qui je pouvais trouver ou faire fleurir autour de moi. Dès qu’une bribe, une once, un soupçon de joie pointe le bout de son nez enjoué, il suffit de la savourer pour emmagasiner une énergie qu’on pourra ensuite mettre profit dans ce qu’on souhaite. C’est tout le sujet de cette vidéo d’une conférence d’Ingrid Fetell, qui a suivi, vous allez le voir, un tout autre chemin pour parvenir à des conclusions très similaires.
Plaisir et joie
Pour éviter les querelles sémantiques qui embourbent les débats sans faire avancer les schmilblicks, à l’instar du site Redpsy, je mets le chapeau générique de « plaisir » sur l’émotion agréable indicatrice de « la satisfaction d’un besoin physique, affectif ou intellectuel ou encore de l’exercice harmonieux d’un fonction vitale. » ou encore « lorsque nous agissons dans le sens d’une inclination qui nous est propre ». Chaque nuance sémantique désigne donc des différences plus ou moins marquées dans l’expérience de satisfaction.
La joie est une nuance particulièrement intéressante du plaisir, une nuance qui nous évoque quelque chose d’intense et de très positif, très agréable : mélange d’allégresse, de bonne humeur, un sentiment radieux qui fait un bien fou. La joie est l’une des facettes des vitamines mentales les plus nourrissantes et les plus… réjouissantes ! Et puisqu’Ingrid Fetell en parle si joliment dans cette vidéo TED, je vous propose de l’écouter. L’auteure du livre Joyful: The Surprising Power of Ordinary Things to Create Extraordinary Happiness (La joie : le pouvoir étonnant des petites choses ordinaires pour créer un bonheur extraordinaire) Livre dans ce TED ce qu’elle a découvert au fil de ses explorations et expérimentations.
La joie n’est pas le bonheur (mais elle y participe)
Ingrid Fetell raconte que, lors de son oral de fin de première année à l’école de design, face à ses réalisations, l’un de ses professeurs lui dit « votre travail me procure un sentiment de joie ».
Lecteurs fidèles, vous me connaissez, si un de mes profs m’avait un jour dit ça, j’aurais justement fait des bonds de joie. Mais pas Ingrid Fetell, sur le coup, se dit que la joie c’est sympa, mais que c’est un peu léger, que ça manque de substance. Cependant, la voilà aussi intriguée. Elle venait de se saisir là d’une thématique qui allait l’occuper un bon bout de temps : comprendre d’où vient la joie et la relation entre le monde physique et cette émotion mystérieuse.
Celle-ci, nous dit-elle, se définit généralement comme un sentiment de vif plaisir, caractérisé par son intensité et sa durée limitée.
Elle se différencie du bonheur en ce qu’elle est « un ressenti intense et momentané d’une émotion positive » là où le bonheur est davantage un sentiment de bien-être au fil du temps. Ingrid Fetell parle de la dimension culturelle américaine de « la poursuite du bonheur », mais l’obsession de bonheur, nous concerne aussi, car elle est à la fois très occidentale et très dans l’air du temps.
On peut ajouter à son discours que le bonheur n’est pas une émotion, c’est un état créé par la durabilité et la répétition de diverses émotions indicatrices de satisfaction dans une majorité suffisante des domaines de notre vie. A l’inverse, la joie peut être brève, temporaire, elle n’exige pas le bien-être, elle ne nécessite pas l’esprit sain dans un corps sain : la capacité à se nourrir de joie et à savourer les micros plaisirs de la vie peut s’exprimer même dans la souffrance, la maladie, les difficultés. Elle aide même probablement à les traverser,
Bref, en d’autres termes, le bonheur, c’est compliqué alors que la joie c’est tout simple. Y compris d’accumuler des tas de petites joies, ce qui revient à se gaver de vitamines mentales et à engranger l’énergie qu’elles contiennent, parce que c’est un condensé de joie de vivre qui fait beaucoup beaucoup de bien !
A la découverte de la joie
Mais revenons aux travaux d’Ingrid Fetell :
En se questionnant sur la façon dont les objets peuvent créer une émotion comme la joie, elle a découvert que « non seulement ils sont liés, mais le monde physique peut être une ressource importante pour nous afin de créer des vies plus heureuses et plus saines. »
La joie, nous dit-elle, est souvent négligée lorsqu’on parle de quête du bonheur, ce qui l’a poussée à entamer une longue démarche assez savoureuse, elle est devenue le Hercule Poirot de la joie. Partout, tout le temps, elle s’est mise à questionner les gens y compris dans le métro, au café ou dans l’avion, sur ce qui leur procure de la joie, où quand comment, avec qui etc. Après quelques mois sont apparus des éléments récurrents, voire fréquents dans les réponses et qui semblaient dépasser les notions de genre, d’âge ou d’ethnies :
– Les cerisiers en fleurs
– Les bulles
– Les piscines
– Les cabanes dans les arbres
– Les montgolfières
– Les cornets de glace (surtout ceux avec des éclats de chocolat dessus)
Potentiellement, nous aimons tous regarder un arc en ciel ou un feu d’artifice et la joie qu’ils procurent est partagée par la plupart des gens. Voilà de quoi être optimiste, car notre monde si divisé – politiquement, socialement etc – accentuent nos différences et les fait paraître insurmontables. Et pourtant, une part de chacun d’entre nous peut potentiellement trouver de la joie dans les mêmes choses.
Et voilà que ces plaisirs négligés parce qu’ils sont passagers prennent toute leur importance : ils nous rappellent que nous avons aussi beaucoup en commun et en particulier que nous partageons des réactions similaires à certains éléments du monde physique. Ingrid a alors identifié des éléments qui déclenchent la joie et qui sont largement liés à l’évolution et à la survie :
– Les formes arrondies (l’imagerie a montré que les formes pointus sont associée à la peur et à l’anxiété, probablement parce que dans la nature, ce qui est anguleux, comme les épines ou les cornes des animaux, est dangereux.
– Les couleurs vives – signe de vie et d’énergie (les fleurs, les fruits)
– Le sentiment d’abondance L’abondance – la pénurie était un danger pour la survie, l’abondance la favorise
– Un sentiment de légèreté, d’élévation
A partir de là, Ingrid s’est rendue compte qu’elle s’était mise à remarquer des petites joie partout où elle allait. Ce qui pour moi est l’expérience typique des vitamines mentales : dès qu’on leur accorde de l’attention, elle semble fleurir comme les bleuets dans les champs de blé. Peut-être qu’en réalité, elles ont toujours été là mais que, absorbés que nous sommes par le quotidien, nos vies professionnelles, nos obligations les difficultés, nous ne les voyons pas ou plus. Nous avons perdu cette connexion avec l’émerveillement de l’enfance, faculté formidable mais trop vite estampillée « infantile », pas sérieuse, indigne d’un professionnel avec un réel sens des responsabilités. Voir :
Même si le sentiment de joie est mystérieux et insaisissable, nous pouvons y accéder au travers tangibles qu’on appelle en design l’esthétique. Raison pour laquelle Ingrid a choisi le terme « esthétique de la joie ».
Une autre question lui est venue alors. Si la joie nous vient d’arrondis, de couleurs vives etc, s’il existe une « esthétique de la joie » pourquoi nos environnements sont-ils aussi sinistres ? Pourquoi les bureaux, les écoles, les hôpitaux, les villes sont-ils si gris ? Justement parce que, par crainte du jugement, nous finissons par éteindre notre capacité à la joie.
Or, certains projets visant à remettre de la joie dans les environnements ont des impacts intéressants. L’association Publicolor propose à toutes sortes d’institutions de transformer leurs locaux en environnements chaleureux et invitants en utilisant la couleur. Les écoles ainsi transformées indiquent que le taux d’absentéisme a diminué, les graffiti ont disparu et les élèves disent se sentir davantage en sécurité. Ce qui rejoindrait une étude menée dans 4 pays qui aurait montré que les salariés travaillant dans des espaces colorés sont plus alertes, plus confiants et ont de meilleurs relations que ceux travaillant dans des espaces atones.
Nous avons évoqué, avec la video de Simon Sinek, que c’est l’accumulation qui donne leur force aux petits choses. Ingrid Fetell en arrive à la même conclusion qui rejoint celle de mes vitamines mentales. Un confetto ne changera pas grand-chose à votre état d’esprit. En revanche, un poignée de confetti, et vous voilà avec de la joie plein la main. Chaque instant de joie a une portée limitée, mais leur accumulation vaut davantage que leur simple somme : elle nourrit la joie de vivre. Parce qu’émotionnellement, la joie est intimement liée à l’instinct de survie, elle est liée à la soif de vivre. La joie nous mène à la joie de vivre. Et ça mérite bien d’emprunter ce chemin-là !
Alors peut-être qu’au lieu de courir après un bonheur insaisissable, nous avons beaucoup à gagner à repérer, accueillir, cultiver et savourer ces instants de joie.
Et vous, qu’est-ce qui vous procure de la joie ?
Quelles formes, quelles couleurs, mais aussi quels parfums, quels sons, quelles matières ?
Des micro joies nourrissantes ?
Des grandes joies ?
Comment les remarquer, les savourer davantage ?
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Aller plus loin
Vous voulez construire et entretenir un état d’esprit dynamique et serein à la fois, pour favoriser la réussite de vos aspirations professionnelles et le (re)développement de votre plaisir au travail? Ithaque vous accompagne. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual.
C’est vraiment un super article qui m’a procuré de la joie, comme quoi rien de la lecture sur le thème de la joie m’en a procuré aujourd’hui.
Merci
Merci! Je suis ravie qu’il vous ait été source de joie!